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Procès de Ceausescu : «Il fallait sauver des vies…» (Itw vidéo)

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Gelu Voican Voiculescu est l’un des hommes qui organisa, il y a 21 ans, le procès de Nicolae et Elena Ceausescu. Il nous accueille à la grille de la villa qui abrite le « Centre d’Etudes sur la Révolution de 1989 », pour une interview étonnante…

Dans cette bâtisse style XIXe, d’un blanc aussi immaculé que la barbe de notre hôte, Gelu Voican Voiculescu a accepté de réouvrir une page tragique de l’histoire roumaine. Cet homme est responsable de la mort de l’un des plus célèbres tyrans de l’ère communiste : Nicolae Ceausescu. En décembre 1989, il a co-organisé le procès – controversé – qui avait conduit à l’exécution – dans des circonstances mystérieuses – du dictateur et de sa femme…

Il rechigne d’abord à aborder le sujet de front. Pour lui, impossible de replonger directement dans l’Histoire, cette histoire, cette plaie encore à vif. Il en parle pourtant comme si les 21 ans étaient passés en un éclair. Un procès expéditif ? Les temps exigeaient un jugement hâtif. Une exécution précipitée ? Il fallait sauver des vies. 1 042 insurgés sont tombés en quelques jours, sous les balles des zélotes terrifiés par le « Génie des Carpates ». Ceux-là mêmes qui, apprenant la mort de leur président, ont cessé de tuer dans l’instant.

Les années et les déboires politiques n’ont pas émoussé la verve de Gelu Voican Voiculescu, qui fut vice-premier ministre en 1991. Sa sévérité à l’encontre du dictateur se porte désormais sur tous ceux qu’il soupçonne de vouloir tenir trop de pouvoirs entre leurs mains. Comme l’actuel président, Traian Basescu, dont l’emprise sur l’État a été renforcée par les élections présidentielles de décembre 2009, entachées d’accusations de fraudes.

Selon Gelu Voican Voiculescu, la situation politique roumaine est aggravée par la crise économique qui frappe le pays de plein fouet. Les mesures d’austérité décidées par le gouvernement touchent durement la population et ravivent une certaine nostalgie du communisme, surtout auprès de ceux qui l’assimilent à une douce époque où l’État omnipotent fournissait au peuple les produits de première nécessité, et qui oublient les privations de droits.

A l’ombre du jardin arboré de l’Institut, l’homme est visiblement reposé, calme. Il a 69 ans et semble apprécier cette forme de retraite. Est-ce qu’un retour en politique le tenterait ? Il balaye l’hypothèse d’une tirade de grand sage : « Le temps ne travaille pas pour une carrière politique tardive. L’oubli joue contre moi. » Mais un sourire se dessine alors sur son visage et, l’espace d’un instant, il se prend au jeu : « Bien sûr, on ne sait jamais ce que l’avenir peut réserver… »

Reportage de Clément VOGT, Doriane ALLAIN et Maxime DARIDAN


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